juillet 2018

No Religion

Les déambulations dans Shoreditch sont un plaisir des yeux et un moment de découverte infinie. Chaque coin de rue apporte des façades différentes et quelque chose d'inattendu. Et de religieux, ce soir. Plutôt à la santé de Gambrinus.



Les nuances de briques à la lumière du soir sont presque gaies. Les rues sont calmes, droites et étroites. Nous marchons doucement en respirant l'air urbain et en souriant en silence, côte à côte.

Un instant

À une telle hauteur, sur la terrasse de verre du Sky Garden, on pense à se remplir les yeux, à dilater son champ de vision, à laisser tomber la lumière, les couleurs et leurs nuances brumeuses sur nos rétines tendues à frémir.



Mais notre hyperesthésie stimulée voudrait d'autres sensations, que notre corps réclame en silence. Le son du vent dans les tours d'acier, le gout rance de l'air en conserve, le balancement imperceptible de la structure. Fermez les yeux…

Pour trente livres

Vivre le phantasme de toute puissance de chaque mégalopole impose bien sûr de lever la tête sur ses gratte-ciels puis d'y monter au moins une fois. Arpenter le Sky Garden est donc un passage obligé, pour son insolite, sa hauteur et sa vue.



Une vue parfois bouchée par d'autres buildings plus hauts. Mais au sud, le regard porte jusqu'à l'horizon. Au sud, le jeu des brumes interroge les limites du monde. Au sud, The Shard nous nargue de son rooftop vertigineux. Si chère ascension…

Sourire et décadence

La gaieté londonienne reste un mystère. La brique sombre ternit chaque rue, les façades — tantôt sévères, tantôt alambiquées — nous toisent de haut, les pignons abrupts et les toitures noires se taisent sur notre passage.



Pourtant, passé tel monument gothique ou telle institution séculaire, le sourire fantasque et inattendu de la ville traine un air aussi décalé que mutin, la rue sourit et le regard soupire. Est-ce le seul soleil qui chasse ainsi la décadence urbaine ?

Sans pitié

La Tour de Londres évoque toujours de sombres histoires, des geôles obscures et des complots chuchotés. De jour, et sous un soleil qui semble vouloir stériliser toute forme de vie alentour, le compte n'y est pas.



Pour autant, restons sur nos gardes en contournant l'édifice massif et irrémédiablement fermé au voyageur peu fortuné. C'est ce que rappelle la Porte des traitres, dont l'aspect peu engageant titille mon imagination de rôliste…

Morceau d'histoires

Chaque statue porte en elle l'histoire de cent générations, chaque bas-relief nous offre un abîme de siècles. Nous y voyons la main de l'artiste et de l'artisan, la puissance du souverain, la crainte du voyageur ou la fierté du soldat.



Et soudain, au centre, la pièce unique, le tournant de l'Histoire, la clef des mystères et la fenêtre ouverte sur un monde magique, lumineux et barbare : la pierre de Rosette. Ô frisson de cette langue mystérieuse aux dessins muets…

Regarde ailleurs

L'air est saturé de saveurs grasses, sous le soleil écrasant que l'asphalte nous renvoie dans un déluge infrarouge. Odeurs de la ville, sons de la rue, couleurs éteintes ou criardes : tout nous hurle Londres en cet instant heureux.



Cette ville magique, toujours différente et chaque fois plus mélangée, nous la découvrons en marchant, le nez en l'air et l'oeil rivé aux précieuses indications à chaque bord de rue. Right. Ça vous sauve la vie, dans cette cité…